Au hasard de mes lectures, deux réflexions à priori assez éloignées sont venues se télescoper dernièrement avec le billet de Jérôme Pérez, un des fondateurs sur internet du forum La Passion du Vin et celui sur son blog d’Olivier Beuvelet, docteur en Esthétique et Sciences de l’Art de l’Université Paris 3 Sorbonne-Nouvelle. Chacun s’interroge sur le rôle du critique, dans le monde du vin ou du cinéma, dans un monde que l’arrivée d’internet est venu bouleverser avec les avis personnels dans les forums, les blogs et les réseaux sociaux.
Les vignerons donnent à voir et donc s’exposent…aussi à la critique
Pour Jérôme Pérez, les vignerons « s’exposent comme d’autres s’exposent dans des galeries, ils donnent leur œuvre à déguster comme d’autres laissent leur tableaux à regarder, leurs livres à lire, leurs musiques à entendre et à écouter. (…) Quand on publie, quand on affiche ou quand on produit dans un tel contexte, on le fait dans une certaine catégorie et il paraît alors légitime que la critique se mette en place. Comme si cette façon de juger qui est avant tout une volonté de donner son sentiment, de dire comment cette œuvre (d’art ou pas) nous parle, était inhérente à la nature humaine. Et le marché de ces œuvres est intimement lié à cette critique, puisqu’il faut bien que le facteur de ces œuvres ait le moyen de créer encore. On peut donc penser que critique et marché, intimement liés, participent à la qualité de l’œuvre produite, a priori et a posteriori. »
Internet, terriblement efficace car à portée de clic
« Sans critique, l’œuvre n’existe que pour son facteur et donc n’existe que peu, selon Jérôme Pérez. Pour qu’elle soit diffusée, il faut donc des canaux de communication, et toute critique en fait partie ; du bouche à oreille, à la rédaction papier et dans son dernier avatar, le message Internet, terriblement efficace car à portée de clic de n’importe quel être sur terre pour peu qu’il soit connecté. Critique plurielle et contradictoire, mais essentielle, cette critique-là sonne sans doute la fin du mieux disant ou du guru directeur de consciences. Sans doute est-elle ou sera-t-elle vecteur de foisonnement dans les expressions des œuvres, et dans leur diffusion. »
Au cinéma comme dans le vin, il faut faire le tri dans ce qui se dit
Pour Olivier Beuvelet, « la question dépasse le cadre de la critique cinématographique, elle concerne aussi le vin, la littérature, ou plutôt le roman, et même, d’une manière générale tout objet visuel, tout spectacle, qu’il soit sportif, politique, militaire ou plus largement médiatique, tout ce qui fait oeuvre d’image emblématique ou d’allégorie, potentielle ou réelle, se trouve dans la même situation… Il n’est plus question de laisser la parole aux éditocrates uniquement sur la foi de leur salaire et de leur fonction institutionnelle, mais faire le tri dans ce qui se dit, sur les critères d’une modestie éveillée et du partage… »
Une mutation culturelle est à l’oeuvre
« Le blogging, les sites ouverts aux commentaires vernaculaires et surtout les réseaux sociaux, ont largement remplacé chez de nombreux usagers les anciennes sources d’informations des intermédiaires… la valeur d’usage à remplacé la valeur d’autorité… Une mutation culturelle est à l’oeuvre, et c’est dans l’exprimentation de l’écoute du public, de l’autre sujet singulier, à ce qu’on peut lui proposer, c’est-à-dire dans la conversation même, qu’apparaît la silhouette d’un nouvel âge… Avec ses limites et ses écueils, mais exaltant parce qu’il s’agit probablement, potentiellement en tout cas, d’une révolution subjective qui casse à coup sûr les anciens modes de circulation de la parole et redistribue des cartes sans que l’héritage et la reproduction n’en soient les seuls systèmes de promotion… »
Pour en savoir plus :
- l’article de Jérôme Pérez et les nombreux commentaires sur La Passion du Vin
- l’article d’Olivier Beuvelet sur son blog Lucid Dreams
- La culture du partage ou la revanche des foules d’André Gunthert
- « Les métiers de vignerons et de cinéastes ont beaucoup de choses en commun » Jonathan Nossiter
Très intéressant. C’est vrai que c’est 2 secteurs que sont le cinéma et le vin sont particulièrement exposés à la critique web. Ça m’inspire pour mon blog
le cinéma et le vin ont une chose en commun: c’ est faire réver les gens;et le réve n’ apas besoin de critique il a besoin d’ épreuve ésthétique basée sur la connaissense de la sensibilité
La critique s’invite sur le web pour le plus grand plaisir des passionnés ou des néophytes…
Encore faut-il que l’internaute garde un esprit critique sur ce qu’il lit!