Pierre d’Heilly et Martine Huberdeau, des pionniers du bio en Bourgogne
Depuis 1978, Pierre d’Heilly et Martine Huberdeau cultivent leurs vignes et élèvent leurs vins en suivant les règles des cahiers des charges de l’agriculture biologique. Leur domaine de 5,5 hectares est situé en Côte chalonnaise avec des vignes dans les terroirs de Givry, Mercurey, Montagny et Rully. Antoine Peillon, auteur et grand reporter à La Croix, les a interrogés à propos de leur engagement depuis 35 ans dans la viticulture bio.
L’agriculture bio, ça nous paraissait une évidence
« On a jamais fait autre chose que de la viticulture bio. En fait au départ, c’était plutôt de la viticulture écolo. Il y a 35 ans de ça, c’était encore les prémices même si il y a eu des gens avant. Nous, on avait fait de l’écologie, donc c’était bio sinon ce n’était pas de l’agriculture. »
Il faut que la viticulture soit bio et qu’elle soit bonne
« On doit continuer à essayer de faire notre meilleur vin avec nos meilleurs raisins et, en même temps, en maitrisant la manière de faire ce raisin, c’est à dire de ne pas trop intervenir tout en étant là. Ne pas dire non à toutes les techniques quand elles restent le plus proche du naturel. »
Pour le vin bio, c’est bien parti
« Il y aura sans doute des vins bio différents. La bio sera sans doute moins militante et plus professionnelle maintenant. Elle est installée maintenant donc elle sera moins militante comme nous on a été militant. Cela va être plus de la gestion de produits, de la gestion de cahier des charges. C’est une nécessité parce que la qualité des sols bourguignons et viticoles a quand même été sérieusement dégradée par 30-50 années de viticulture chimique. (…) Ça ne pouvait pas continuer comme ça, la bio ça s’impose sinon c’est ça ou aller dans le mur. (…) Il n’y a plus une source d’eau potable en bas d’un coteau viticole, ce n’est quand même pas normal, c’est un véritable problème. »
On a été 30 ans les 30 mêmes
« Maintenant on est noyé au milieu d’un océan de viticulteurs bio ! Tant mieux, c’est vraiment bien parti depuis quelques années. C’est maintenant aux jeunes, enfin aux nouveaux, de faire quelque chose peut-être différent tout en gardant surtout l’esprit de respect de la nature, de l’individu, un engagement. »
Il faut être vigilant sur la politique agricole d’une manière générale
« C’est facile de faire une image avec une petite frange d’agriculteurs bio très pointus, très propres qu’on peut montrer partout et par ailleurs de faire de la grosse agriculture industrielle. Et en viticulture, c’est aussi un peu ce qui nous guette parce qu’il y a aussi le négoce et un certain nombre de professionnels qui ont envie de faire du vin un produit marchand avec toutes les règles de l’économie marchande. C’est sûr que le vin, c’est fait pour être vendu et heureusement, mais ça ne doit pas être la première préoccupation quand on produit. »
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