C’est compliqué la dégustation, cela a aussi ses limites
A l’occasion de la sortie du centième numéro de Bourgogne Aujourd’hui, la revue des vins et de l’art de vivre en Bourgogne, nous avions rencontré dans leurs bureaux les deux fondateurs du magazine, Thierry Gaudillère et Christophe Tupinier qui nous ont expliqué leur méthode pour juger les vins : « c’est compliqué la dégustation, cela a aussi ses limites : vous prenez séparément un oenologue, vous prenez un sommelier, vous prenez un amateur membre de club de dégustation, vous vous rendez compte que tous ne cherchent pas forcément la même chose. Un sommelier va parfois être attiré plus par des vins jeunes, un oenologue, pas tous, va décortiquer le vin, va parfois aller chercher trop les défauts, un amateur pourra au contraire lui être un peu trop généreux, un vigneron aussi, donc c’est compliqué de trouver la bonne formule. » Christophe Tupinier
Etre seul à déguster 150 échantillons, je trouve cela ridicule
« Etre seul à déguster 150 échantillons, je trouve cela ridicule. On a vraiment beaucoup l’habitude de déguster, quand on en a fait une soixantaine dans la journée c’est bien. Une trentaine le matin, une trentaine l’après-midi, sur des vins jeunes on peut avoir des problèmes de réduction, on peut être obligé de revenir dessus. Je trouve que ceux qui font plus, je ne sais pas comment ils font. Ils sont plus malins que tout le monde, mais moi je ne suis pas capable. » Christophe Tupinier
Reportage de Pierre-Julien Duroussay en juin 2013
Nous ne voulions pas prêter le flanc à la critique
« Nous ne voulions pas prêter le flanc à la critique parce que nous étions des Bourguignons qui créent une revue sur les vins de Bourgogne. On voulait être différent justement pour que l’on ne nous dise pas : « oui mais vous, vous êtes en Bourgogne, vous êtes bourguignons, vous allez dans les domaines et…craque ma poule, on y va, on écrit de belles choses. » Non, le fait de demander des appels d’échantillons, de déguster évidemment à l’aveugle et avec un jury, c’était de se mettre un petit peu en recul. » Thierry Gaudillère
Entretien donné par Thierry Gaudillère et Christophe Tupinier en juin 2011
La seule véritable façon de déguster, de juger des vins, c’est de le faire à l’aveugle
« La seule véritable façon de déguster, de juger des vins, c’est de le faire à l’aveugle. Mais nous aussi, il y a des domaines que l’on aime plus que d’autres. On le sait. Si on nous présente les vins à bouteille découverte on peut avoir une petite clef qui se tourne dans la tête : « tiens, pourquoi c’est pas bon ? » Donc on commence à avoir la mauvaise démarche au lieu de se dire après tout qu’il a pu louper cette cuvée sur ce millésime là, ça arrive à tout le monde. Non, c’est avoir tendance à essayer de le rattrapper, ça ne va pas. » Christophe Tupinier
Le journalisme à la croisée des chemins entre objectivité et raconter des histoires
« Le journalisme est justement à la croisée des chemins entre une objectivité et puis raconter des histoires. Et nous le curseur on l’a mis plutôt du côté de l’objectivité. Alors que l’on voit bien que les anglo-saxons aiment bien les histoires, vraies ou pas, ça ce n’est pas le problème. Mais ils aiment bien en même temps qu’ils commentent les vins raconter une histoire. Le journalisme c’est cela, c’est un peu à la croisée des chemins. » Thierry Gaudillère
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Cela fait plus de 16 ans que le Grand Jury Européen déguste à l’aveugle. Ces expériences fascinantes montrent surtout qu’il est essentiel de les faire avec un collectif de dégustateurs.