« Les temps de la vigne, Henri Jayer, vigneron en Bourgogne »
A l’occasion de la sortie de son nouveau livre, nous avons rencontré Jacky Rigaux chez son éditeur Terre en vues à Clémencey dans les Hautes Côtes vers Gevrey Chambertin.
Selon l’auteur, « Henri Jayer a marqué la viticulture bourguignonne de la deuxième moitié du 20ème siècle et en fut une des figures emblématiques. Vigneron connu en Amérique comme en Asie, ses vins sont aujourd’hui encore très recherchés pour leur pureté, leur exquise finesse, leur capacité remarquable à magnifier les beaux terroirs de la Côte bourguignonne, leur aptitude à un harmonieux vieillissement… »
Très proche du vigneron de Vosne Romanée disparu en septembre 2006 et de son disciple Didier Dagueneau disparu en septembre 2008, Jacky Rigaux évoque avec beaucoup d’émotion l’héritage d’Henri Jayer laissé aux nouvelles générations.
La période de l’après-guerre : l’illusion que la technique allait faire mieux que la nature
« On a cru qu’on était capable à coup d’engrais, d’herbicide, de fongicide…tous ces termes en ide, de dominer et de contrôler la nature. Et on a oublié tout simplement que la nature était plus forte que l’homme, que la nature savait fonctionner avant que l’homme ne comprenne comment elle fonctionne. Aujourd’hui encore elle est sûrement plus subtile qu’on ne l’imagine et on est loin d’avoir découvert toutes les espèces qui existent sur terre et plus exactement sous terre. L’agronomie a oublié que 80% de la bio masse est sous nos pieds. »
« La 2e moitié du XXe siècle a mis à bas 10.000 ans d’histoire »
« On a cru que les savoirs nouveaux allaient être supérieurs et déclasser les savoirs anciens. Moi ce qui m’a passionné, c’est de découvrir que dans la viticulture en particulier, quand on revient aux bonnes pratiques, quand on respecte ce qu’il y a dans les sols, quand on fait le travail que les anciens faisaient, en intégrant bien sûr les connaissances d’aujourd’hui, on est capable de laisser vivre une plante et qu’elle prenne tout ce qu’elle a à prendre dans ce qu’on appelle le terroir ».
Le réveil des terroirs grâce à des vignerons comme Henri Jayer
« Henri Jayer a maintenu la philosophie du terroir et a permis à toutes les personnes qui sont venues le voir de réveiller le terroir. J’ai senti dans les années 80 qu’il y avait un tas de jeunes qui avait envie de bien faire comme on dit, dont sûrement le plus doué de sa génération Didier Dagueneau, toute cette bande de jeunes dont certains ont malheureusement disparu ont fréquenté Henri Jayer, et une de mes grandes joies et fierté c’est d’avoir senti un certain nombre de personnes qui avaient envie d’apprendre et de recueillir cet héritage. »
Les vins d’Henri Jayer inspirent une nouvelle policière à Bernard Pivot, « la Liste d’Attente »
Bernard Pivot a écrit sa première nouvelle policière grâce à Henri Jayer parce que le vigneron de Vosne Romanée lui avait dit lors d’une visite au domaine : « désolé, je n’ai pas de vin à vendre ! » Il a donc fait sa fameuse nouvelle sur le « Liste d’Attente » dans laquelle il y a des meurtres en série et on s’aperçoit que le meurtrier était mal placé sur la liste d’Henri, donc il essayait de gagner des places pour accéder enfin à l’achat de ce genre de bouteilles… »
« Didier Dagueneau est le disciple majeur d’Henri Jayer »
Didier Dagueneau « était un surdoué de tout et il a vraiment senti que le message d’Henri Jayer était vraiment le message de vie majeur, que la vigne justement permettait de revenir aux choses les plus simples. C’est à dire le plaisir d’être ensemble, le plaisir de manger ensemble, de déguster ensemble, de partager des valeurs… Je pense que Didier Dagueneau était sûrement celui qui a le plus fait vivre l’héritage d’Henri Jayer un peu partout. C’est à dire revenons aux bonnes pratiques : celles qui respectent l’équilibre des sols, si il y a besoin d’intervenir, intervenons avec les choses les plus naturelles possibles, c’est à dire celles qui permettent à la plante de trouver ses marques. »
« Les temps de la vigne, Henri Jayer, vigneron en Bourgogne« Jacky Rigaux – Editions Terre en vues
J’avais découvert Jacky Rigaux avec vous puis avec la revue Anthocyanes et j’ai eu le plaisir de l’écouter lors de son passage à l’Université de la Vigne et du Vin il y a de celà deux semaines à Ferrals en Corbières. Un vrai régal et une très belle émotion. J’ai acheté son livre : il ne me reste plus qu’à déguster sans modération bien sur …
Bravo pour cette interview ! Merci à Jacky Rigaux !
Hello Jacky,alors un peu nostalgique …
tu sais les belles années de nos 60 ans sont aussi belles, que celles que nous avons vécues à 20 ans !!!
à voir le soin que prennent nos jeunes vignerons de leur terre aujourd’hui on peut penser qu’ils sont sur la bonne voie de leurs ancêtres !!!