Les métiers de vigneron et de cinéaste se ressemblent
A l’initiative de l’association « Les vins du coin » , Jonathan Nossiter, le réalisateur de Mondovino en 2004, a donné une série de deux conférences au théâtre d’Orléans les 2 et 3 mars dernier. Aux côtés du vigneron Thierry Puzelat et d’Antoine Gerbelle, grand reporter conseiller éditorial chez La Revue du Vin de France, il a fait un rapprochement entre ses deux passions le vin et le cinéma. Il s’est adressé aux vignerons présents et adeptes des vins « honnêtes et… buvables » : « le cinéma est assez similaire à votre métier dans la mesure où tu as énormément de choses en jeu que tu essaies de contrôler mais en fait tu ne contrôles rien. C’est impossible pour un être humain de gérer, de régler tout cela. Faire un film, c’est juste une série de problèmes, de désavantages. Etre un réalisateur, faire des films, c’est profiter de tous les désavantages, de toutes les erreurs, de tous les défauts, de tous les problèmes et d’essayer de les transformer en choses positives. »
Des vignerons qui prennent des risques pour des convictions
« Je constate qu’aujourd’hui il n’y a jamais eu autant de vignerons qui prennent autant de risques. A l’inverse dans mon métier, (…) il y a une espèce d’auto-censure aujourd’hui qui est catastrophique parce que le cinéma est là non seulement pour apporter du plaisir mais aussi comme acte de contestation, d’Orson Wells jusqu’à Fellini. Ça présuppose des gens qui sont prêts à courir des risques économiques mais aussi humains, spirituels, affectifs. En Italie, en France, au Brésil et aux Etats-Unis, les quatre pays que je connais le mieux, la culture est devenue homogène, la culture politique et la culture sociale. L’idée de courir des risques, des sacrifices économiques pour des convictions, est juste en dehors de l’air du temps ».
Des jeunes consommateurs prêts à reconnaitre cette prise de risque
« Ce qui est extraordinaire, c’est qu’il y a énormément de gens, et surtout des jeunes, qui sont très sensibles à ces actes. Et peut-être qu’ils sont tolérants aussi à l’idée de « défauts », de cuvée « défectueuse » comme c’était le cas dans la culture du cinéma dans les années 70 notamment. Sont arrivés un nouveau Cassavetes, un nouveau Scorcese, un nouveau Pasolini, où techniquement il y a des « défauts » selon les normes de l’industrie mais où il y a une espèce de prise de risque qui est un acte libérateur, non seulement pour celui qui le fait, mais aussi pour celui qui le reçoit. (…) il y a des bars à vins à Rome qui sont bourrés de jeunes et même à San Paolo ça commence. C’est extraordinaire de voir des jeunes, peut-être parce qu’ils sont plus sensibles, avec une énergie qui est libre, qui reconnaissent la valeur de ces vins. »
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